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CONTES SECRETS RUSSES

La femme ramena chez elle de la même façon le chantre, qui alla, à son tour, retrouver dans le coffre à la suie le pope et le diacre ; les ayant tâtés avec les mains, il demanda : « Qui est là ? — C’est moi et le père diacre, » répondit le pope, « mais toi, il me semble que tu es le chantre ? — En effet, batouchka. »

La jeune femme retourna encore une fois sur la rue et ramena le sonneur. Dès que celui-ci se fut déshabillé, on cogna violemment à la porte ; il se précipita dans le coffre : « Qui est là ? — C’est moi, mon cher, avec le père diacre et le chantre, mais « toi, n’es-tu pas le sonneur ? — En effet, batouchka. — Eh bien ! maintenant, mon cher, le personnel de la paroisse est au complet. »

Le mari entra et dit à sa femme : « N’avons-nous pas de suie à vendre ? On veut en acheter. — Soit, vends-la, » répondit-elle, « il y en a plein un coffre dans la soupente. » Aidé de l’ouvrier, le mari prit ce coffre, le chargea sur une charrette et se mit en route. Chemin faisant, il rencontra l’équipage d’un barine. « Range-toi ! » cria de toutes ses forces ce dernier. — « Je ne peux pas, j’ai des diables dans ma charrette. — Ah ! montre-les ! » dit le barine. — « Donne-moi cinq cents roubles. — Pourquoi me demandes-tu une pareille somme ? — Parce que, si j’ouvre le coffre pour te les faire voir, ils s’en iront tout de suite. » Le barine donna les cinq cents roubles ; dès que le bourgeois eut ouvert le coffre, tous les desservants