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CONTES SECRETS RUSSES

rerai une collation, mais apporte de l’eau-de-vie. »

Le pope attendit le soir avec impatience ; quand l’obscurité fut venue, il se hâta de s’habiller, prit de l’argent, mit dans sa poche une bouteille d’eau-de-vie et courut chez la paysanne. « Bonjour, charmante, » dit-il en entrant. — « Bonjour, batouchka ! » Le visiteur tira de sa poche la bouteille d’eau-de-vie et la posa sur la table ; on mangea et on but comme il faut ; puis le pope commença à folâtrer avec la femme et à lui peloter les tétons ; mais au moment où il la poussait vers le lit, on entendit soudain frapper à la fenêtre : « Ouvre, femme ! Pourquoi t’es-tu enfermée ? Est-ce que tu serais avec un galant ? — Attends, mon petit homme, je vais t’ouvrir. » Le pope eut peur. « Que vais-je devenir ? Où me fourrer ? » demanda-t-il. — « Déshabille-toi vite, batouchka, » lui répondit la maîtresse du logis, « mets ces mauvaises hardes et assieds-toi ici près du poêle. Si mon mari m’interroge à ton sujet, je dirai : C’est un mendiant qui m’a demandé un gîte pour la nuit et je le lui ai accordé. » Le pope ôta immédiatement sa soutane, se revêtit de haillons et s’assit près du poêle. Le moujik entra dans l’izba. « Pourquoi, mon petit homme, reviens-tu si tôt ? Tu m’avais dit que tu partais pour trois jours. — Mais j’avais oublié de prendre un baril d’eau. Et qu’est-ce que c’est que cet homme-là ? — C’est un voyageur, il m’a demandé l’hospitalité pour