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CONTES SECRETS RUSSES

et écarte les jambes, mais ne retourne pas la tête, sinon, ce sera une affaire manquée et il n’y aura plus de remède. » Ayant ainsi parlé, la vieille retroussa la sarafane[1] de la jeune fille, et fit un signe au berger. Ivan s’approcha tout doucement, ôta son pantalon et se mit à raccommoder l’honneur de Dounia. « Eh bien ! c’est bon ? » demanda la vieille. — « Oui, grand’mère ; oh ! que c’est bon ! Raccommode encore, grand’mère ! Je ne t’oublierai jamais ! » Quand le berger eut fini son affaire, il alla reprendre sa place derrière le poêle. « À présent, » dit la vieille, « retourne chez toi, petite sotte, et prie Dieu pour la grand’mère. »

Le lendemain, en menant paître son troupeau, Dounia s’avisa encore de taquiner le berger par des allusions à la jument. « Veux-tu que je raccommode ton honneur ? » lui répondit-il. — « Allons, c’est bon, Ivan, » observa la jeune fille d’un ton de reproche. — « Je ne sais pas comment tu l’as trouvé, mais pour moi ça m’a paru bon ! » répliqua le berger.


  1. Vêtement que portent les paysannes Russes.