XLIV
LE POPE ET L’OUVRIER
n pope marié et père de deux filles avait
pris chez lui un ouvrier. Au printemps, il se
décida à faire un pèlerinage. « Écoute, mon cher, »
dit-il, avant de partir, à son ouvrier, « il faut qu’à
mon retour tu aies bêché tout le potager et fait
les plates-bandes. — Bien, batouchka. » En l’absence
de son maître, l’ouvrier ne s’occupa guère du
potager, tout au plus retourna-t-il la terre, çà et là,
avec un pieu ; la plupart du temps, il ne faisait que
s’amuser. Revenu chez lui, le pope alla avec sa
femme visiter le potager, et le retrouva à peu près
tel qu’il l’avait laissé. « Eh ! mon cher, se peut-il
que tu ne saches pas comment on bêche un jardin ?
— Le fait est que je ne le sais pas ! Si je le
savais, je l’aurais fait. — Eh bien ! mon cher, va
à la maison, demande à mes filles qu’elles te
donnent une pelle, et je te montrerai comment
on bêche. » L’ouvrier courut au presbytère, et,
de but en blanc, dit aux filles de son maître : « Eh
bien ! mesdemoiselles, votre père vous ordonne
de me donner toutes deux votre … — Quoi ?
— Vous le savez vous-même, quoi : votre κον. »
Les filles du pope se mirent à l’accabler d’injures.