XXXVII
LE BON PÈRE
ans un village habitait un gai paysan, père
de deux jolies filles ; celles-ci avaient beaucoup
d’amies qui venaient faire la veillée chez elles.
Le vieillard était grand amateur du beau sexe ; la
nuit, quand les veilleuses s’étaient endormies, il
arrivait à tâtons, relevait la robe de l’une d’elles et
se mettait à forniquer ; la fille ne disait jamais rien,
c’était l’usage. Par suite, il n’est pas étonnant que
le vieux moujik eût βαισέ peut-être toutes les jeunesses
du village, ses deux filles exceptées.
Il arriva qu’un soir beaucoup de jeunes paysannes se réunirent dans son izba ; elles filèrent, elles s’amusèrent, puis chacune retourna chez soi : l’une avait à travailler le lendemain de grand matin, une autre n’avait pas obtenu de sa mère la permission de découcher, une troisième avait son père malade. Le vieillard ronflait dans la soupente ; s’étant endormi après le souper, il n’avait pas vu partir les jeunes filles. La nuit, il s’éveilla, descendit de la soupente et s’approcha à tâtons des bancs sur lesquels les veilleuses avaient coutume de se tenir. Sa fille aînée dormait sur la kazenka[1] ; il lui releva
- ↑ Banc près du poêle dans les chaumières des paysans Russes.