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— Ceci vous paraît étrange parce que vous me voyez pauvrement vêtue et avec la cruche sur la tête ; mais c’est la vérité. Je me nomme Graciosa de Lamindano, et mon père était le frère de Don Rodrigo Urtiz.

— Ah ! c’est ainsi que le seigneur de Lamindano traite sa nièce, et Alida y consent ? Tu dois être bien malheureuse, pauvre enfant ?

— Pas autant que vous le croyez, car les serviteurs et les gens d’armes du château m’aiment beaucoup et me traitent avec la plus grande douceur. D’ailleurs, moi, j’aime le travail, et je serais très heureuse si mes oncles et ma cousine me montraient quelque tendresse, mais ils n’ont pour moi que des paroles dures et des regards encore plus durs.

— Mais alors pourquoi ne les quittes-tu pas ? N’importe où, tu serais mieux.

— Et où irais-je puisque je n’ai d’autres parents ? Ma pauvre mère mourut en me mettant au monde, mon père succomba à la suite des mauvais traitements que lui infligea son frère Rodrigo qui, non