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Cette même nuit, à l’instant même, on lui avait fait savoir que les Basques avaient égorgé les gardes du pont de Proudines sur la rivière Nive, et comme ces gardes avaient été placés par lui, c’était un sanglant outrage : aussi était-il furieux et brûlait-il du désir de se venger.

Le landais Pierre de Pouyanne, ennemi acharné des franchises et immunités des Basques, et digne précurseur d’autres personnages qu’il n’est pas besoin de nommer, ne pouvait voir patiemment ceux-là jouir du privilège de passer avec toutes sortes de marchandises par un point quelconque du territoire de Bayonne, sans payer le droit le plus insignifiant. Aussi, sachant que le pont de Proudines était un des passages les plus fréquentés par les traficants de cette nation, s’en était-il emparé et y avait-il établi des gardes armés qui ne devaient laisser passer victuaille ni marchandise sans le paiement préalable du péage qu’il avait arbitrairement établi. Pour justifier cette mesure, le seigneur de Pouyanne disait que la juridiction de Bayonne s’étendait jusqu’où montait la marée, et que comme