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ces lieux, de me laisser être un de vos frères, de me laisser revêtir cette robe que vous revêtez, de me laisser entendre ces chants qui me ravissent, de me laisser enfin l’adorer, le front dans la poussière, la pensée au ciel, comme un fils de chrétiens.

L’abbé se tourna vers les moines.

— Approchez-vous, frères !… C’est une âme qui demande à entrer dans le chemin de la vertu et du ciel. Approchez-vous, et rendons grâces de ce nouveau bienfait à Dieu et à notre père Saint-Bernard !

— Bernard ! — s’écria le More. — C’est ainsi que je veux m’appeler désormais.

— C’est ainsi que tu t’appelleras.

Depuis lors il y eut à Poblet un moine de plus qui s’appela Bernard ; un moine vertueux et saint, dont les prières continues, dont l’austérité et la pénitence, dont la vie d’ascète firent que la renommée de sa vertu arriva aux pays les plus éloignés.

Depuis lors la charité fut plus abondante à Poblet, et les pauvres qui accouraient à ses portes étaient des centaines, car, Bernard étant le dis-