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Il ressent une émotion inconnue jusqu’alors, et ne réussit pas à s’interroger lui-même. Il a peur de savoir. L’ouragan redouble de furie et le cheval de vitesse. Les arbres passent rapides à son côté, comme des files de gigantesques fantômes ; les monts et les bois filent devant ses yeux comme les visions d’un songe. Il n’aurait qu’à saisir une torche pour ressembler au génie de la tempête, traversant dans une course échevelée, cavalier sur son cheval noir, les forêts et les vallons. Il ignore par où il passe, il ignore où il va… Son cheval le guide.

Son cheval le guide, et quand il s’arrête enfin, la masse d’un imposant édifice s’élève devant lui, à côté d’une sombre rangée d’arbres. Ahmet l’avait d’abord prise pour un géant à la chevelure déliée et rejetée en arrière. Oh, surprise ! Le chant qu’il avait déjà entendu, il l’entend de nouveau, mais plus rapproché.

Plus rapproché, comme s’il sortait de l’intérieur de cet édifice. C’est un cantique nocturne, religieux, plein d’onction et de poésie, entonné