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— Ahmet — lui dit Lupo — le comte de Barcelone me demande un armistice ; j’y consens et j’ai besoin d’un messager qui aille en mon nom conclure le traité.

— Je serai ce messager, répond Ahmet.

— Prends donc le meilleur de mes chevaux et pour escorte l’élite de mes soldats ; choisis, pour en faire présent au comte, les plus beaux de mes joyaux…

— Je ne te demande que le temps indispensable pour baiser la barbe blanche de mon père Almanzor, et pour embrasser mes sœurs Zaïda et Zoraïda.

Ahmet courut embrasser son vieux père et ses belles sœurs, puis il partit.

Il montait un poulain cordouan, noir comme la nuit, rapide comme le vent. Quatre soldats mores le suivaient. C’était toute son escorte. Il n’en fallait pas plus à Ahmet. Il était audacieux et résolu, vaillant et téméraire.

Entrés en Catalogne, ils traversaient un soir une épaisse pineraie, quand la nuit les surprit, et un soldat more leur dit :