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pes seraient un somptueux tombeau pour le guerrier de Marengo, ils pensèrent, eux, que Montserrat serait un magnifique piédestal pour les colonnes d’un temple.

Aussi, Vénus eut son temple à Montserrat. Et l’on entendit dès lors sur la haute montagne, résonner les chants bachiques des filles de Rome, qui, vêtues de leurs tuniques flottantes, allaient danser autour de l’autel et couronner de fleurs la statue de la déesse.

La montagne dont les entrailles s’étaient déchirées à la mort du Christ, dut prêter ses échos aux chants profanes des prostituées romaines.

Chaque nuit, lorsque la pourpre que le soleil couchant projette sur les nuages, à son déclin, disparaissait du ciel, une jeune fille, ou plutôt une fillette, traversait la plaine, et, prenant un sentier qui semblait n’avoir jamais été foulé par des pas humains, s’introduisait furtivement dans un bosquet de sapins, dont les branches étendaient leur ombre fraîche à l’entrée d’une caverne.

Dans un coin de cette caverne, se dressait, sur une