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heures. — Vous êtes bien adroit, repartit Fortuné. — L’on m’appelle aussi le bon Tireur, dit cet homme, et je ne quitterais pas cette occupation pour aucunes choses du monde. — J’ai pourtant grande envie de vous proposer celle de voyager avec moi, dit le chevalier, cela ne vous empêchera pas d’exercer votre talent. Le bon Tireur en fit quelque difficulté, et le chevalier eut plus de peine à le gagner que les autres, car ils sont ordinairement assez amis de la liberté : cependant il en vint à bout, et s’éloigna ensuite du marais où il s’était arrêté.

À quelques journées de là, il passa le long d’un pré ; il aperçut un homme dedans, qui était couché sur le côté. Camarade lui dit : « Mon maître, cet homme est doué, je prévois qu’il vous est très nécessaire. Fortuné entra dans le pré, et le pria de lui dire ce qu’il y faisait. J’ai besoin de quelques simples, répondit-il, et j’écoute l’herbe qui va sortir, pour voir s’il n’y en aura point de celles qu’il me faut. — Quoi ! dit le chevalier, vous avez l’ouïe assez subtile pour entendre l’herbe sous la terre, et pour deviner celle qui va paraître ? — C’est par cette raison, dit l’écouteur, que l’on m’appelle Fine-oreille. — Eh bien ! Fine-oreille, continua Fortuné, seriez-vous d’humeur à me suivre ? Je vous donnerai d’assez gros gages pour que vous ayez lieu d’en être content. » Cet homme charmé d’une si agréable proportion, n’hésita point à se mettre au nombre des autres.

Le chevalier continuant sa route, vit proche un grand chemin un homme, dont les joues enflées faisaient un assez plaisant effet : il était debout, tourné vers une haute montagne, éloignée de deux lieues sur laquelle il y avait cinquante ou soixante moulins à vent. Le cheval dit