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pique dans le feu et tâche d’en retirer une bûche. »

Pâle, les yeux hagards, le pauvre diable se précipita vers le brasier, y introduisit sa pique et chercha à la retirer. Impossible ! Elle semblait retenue par une force invisible. Ses mains se contractèrent et semblèrent faire partie inhérente de l’instrument. Les flammes vinrent d’abord lécher la pique, puis les bras du malheureux qui, malgré ses cris de douleur, fut enlevé et dévoré par le feu.

Le matin, à l’aube, les danses cessèrent, les nymphes disparurent, les flammes s’éteignirent, le cadavre calciné de l’infortuné jeune homme resta seul dans la Crezée.

Plus tard, ses cendres se couvrirent d’écorce, des rameaux poussèrent et, aujourd’hui l’on voit encore, à la même place, un vieux petit arbre rabougri, dont les branches piquent la terre, et que l’on nomme l’arbre au charbonnier.

(Conté par Marie Niobé, du village du
Canée, commune de Paimpont.)