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rent de lui et ne le quittèrent plus. Il fuyait ses frères, ses amis, ses camarades, tout le monde. Il errait seul dans la forêt, songeant à quitter ces lieux pour aller à Paris monnayer son or et revenir ensuite acheter, dans le pays, toutes les propriétés à vendre, afin de faire crever de dépit et de jalousie ceux qui l’entouraient présentement, car le démon de l’orgueil le dominait.

Cependant, malgré sa bûche d’or, il était pauvre et ne pouvait effectuer ce voyage tant désiré. De longues années s’écoulèrent ainsi à économiser liard par liard, sou par sou, la somme qui lui était nécessaire.

Son temps se passait à aider ses frères auxquels il n’adressait jamais la parole, à rêver à sa fortune, à compter ses épargnes cachées dans un bas, et à surveiller son trésor qu’il couvait sans cesse du regard.

Ses économies n’augmentant pas selon ses désirs, il laissa ses frères pour aller travailler avec d’autres charbonniers qui le payèrent plus cher.