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Il a pris pour une morsure de puce, les coups que je lui avais assénés. Comment viendrai-je à bout de cet homme ? »

— Tu devrais bien m’aider, lui dit-il, à remplir d’eau les deux cuves que voici, pour permettre à ma servante de faire la lessive.

— Volontiers.

Mais, au lieu de prendre l’une des cuves, qu’il n’aurait d’ailleurs pu porter, il s’arma d’une pioche en fer, ainsi que d’une pelle et se dirigea vers le puits.

Le colosse l’y suivit, portant les deux cuves. Mais voyant le compagnon décrire, avec sa pioche, un cercle sur la terre, tout autour du puits, il lui demanda ce qu’il faisait ainsi.

— Un tour de mon métier, répondit le voyageur. Je vais transporter le puits chez toi, dans ta cuisine, et ta domestique pourra puiser de l’eau à volonté, sans se déranger.

— Non, non, s’écria le géant, je préfère qu’il reste ici.

— À ton aise. Mais alors je me repose et te regarde faire.

« Quel drôle d’homme ! » pensait l’ogre, qui en avait quasiment peur.