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pour lui cacher la figure, puis il se glissa à la place du mort.

Vers minuit, il entendit des pas lourds monter l’escalier, la porte fut poussée avec fracas et le géant, armé d’une barre de fer, se précipita du côté du lit sur lequel il frappa à coups redoublés. On entendait craquer les os du cadavre.

Persuadé qu’il avait tué le voyageur, l’ogre s’en alla en sifflant.

« Je n’ai plus rien à craindre désormais, se dit le compagnon, faisons un somme ». Il sortit de sa cachette, prit le cadavre, le remit sous le lit et s’allongea dans les draps.

Le jour, en pénétrant dans la chambre, réveilla le dormeur qui se leva, fit sa toilette et descendit l’escalier.

Le géant devint tout pâle en le voyant. Surmontant son émotion, il lui demanda :

— As-tu bien dormi, jeune homme ?

— Très bien. Vers minuit, cependant, j’ai été mordu par une puce. La gueuse m’a réveillé un instant, mais je me suis rendormi aussitôt.

« Diantre ! pensa l’ogre, quel gaillard !