Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.

remontèrent sur la planche. Le meunier n’en pouvait plus, il était haletant, couvert de sueur et de contusions. La lutte avait commencé à onze heures du soir et le jour allait poindre. D’un dernier et vigoureux coup de tête, le mouton culbuta son adversaire dans le ruisseau et prit la fuite.

Le pauvre meunier, lui, se traîna jusqu’à son moulin, où il s’étendit sur son lit pour ne plus se relever. Le lendemain, il expira.

Lorsqu’une personne est dangereusement malade, si quelqu’un des siens est assez malin pour surprendre la bête de Brielles, lui lancer la lame d’un couteau entre les deux yeux et faire couler au moins trois gouttes de sang on peut être assuré que le malade guérira.

À la ferme de la Marche, dans la commune du Pertre, vivaient, il y a soixante ans, le père Clouet, sa femme et sa nièce. Un soir que le repas était achevé, les deux femmes lavaient la vaisselle près de la fenêtre, pendant que le vieillard, dangereusement malade, geignait en se dolant dans son lit, quand tout à coup la mère Clouet aperçut, dans la cour de la ferme, caché sous une charrette,