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« Une nuit, notre garçon d’écurie fut réveillé par un bruit de porte qui s’ouvrait et se refermait. Il mit la tête hors du lit, et, à la clarté de la lune, vit un petit nain, pas plus gros qu’un lièvre qui attachait un cheval au râtelier. La pauvre bête était couverte de sueur et d’écume ; mais son cavalier l’essuya, l’étrilla, la lava, s’en fut prendre dans un coffre un picotin d’avoine qu’il mit devant elle dans la mangeoire, puis le nain prit tout le foin des autres chevaux et le porta à son préféré.

« Quand celui-ci fut bien soigné, Petit Jean — car c’était lui, — se changea en grillon, et s’en alla par le trou de la serrure.

« Je te pincerai, dit notre valet, qui n’est point bête.

« En effet, le lendemain soir, il introduisit dans la serrure des graîtes, c’est-à-dire de la poussière de lin broyé, qui est comme vous savez d’une finesse extrême.

« Quand Petit Jean, toujours sous la forme d’un grillon, voulut pénétrer dans l’écurie pour aller faire sa promenade à cheval, il jeta par terre des milliers de graîtes qu’il fut obligé de ramasser, car c’est là la punition des