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encore sa pipe et son tabac, ça le réchaufferait toujours un brin.

— Estimable femme, dit l’inconnu, je veux vous être agréable : si vous avez quelque chose à faire parvenir à votre mari, je m’en chargerai volontiers. Je retourne dans quelques jours dans le Paradis, et je lui porterai tout ce que vous voudrez.

— Cher saint homme du bon Dieu, répondit la vieille, que vous me faites donc plaisir. Comme je suis aise de pouvoir profiter de l’occasion qui m’est offerte de soulager mon époux. Je cours vous chercher un petit paquet.

La vieille revint un instant après avec une veste de belinge[1] toute neuve, que son mari avait fait faire peu de temps avant sa mort.

— Tenez, dit-elle, en la présentant à l’étranger, v’là qui sera chaud et qui permettra à mon défunt Jacques de passer la mauvaise saison sans trop souffrir du froid.

— Il n’y a qu’un malheur, répondit l’inconnu, c’est qu’on ne porte point d’étoffe

  1. Grosse étoffe, sorte de bure fabriquée dans le pays.