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pu proférer une seule parole, elle lui donna un si solide coup de bâton derrière la tête, qu’elle l’étendit sans connaissance à ses pieds.

En le voyant dans cet état, la fermière, qui naturellement n’était pas méchante, regretta sa vilaine action et donna tous ses soins au malheureux.

Étant d’une force peu commune, elle lui avait allongé un si terrible coup, que le petit couturier ne recouvra ses sens qu’au bout de quelques heures. Lorsqu’il put enfin parler, il demanda d’une voix presque éteinte ce qu’il avait fait pour recevoir une pareille correction. La fermière lui raconta alors son entrevue avec le couvreur, et le boiteux, tout souffrant qu’il était, oublia son mal pour se venger immédiatement de son ennemi.

« Tout ce que vous a révélé mon voisin, lui dit-il, est malheureusement vrai. Je suis enragé, bien enragé ; et si vous ne m’attachez pas tout de suite avec une corde d’une solidité extrême, je serai capable dans un instant, de vous dévorer.

« Tenez, continua-t-il, allez bien vite dans