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— Vous n’avez donc pas craint de prendre ce petit tailleur en journée chez vous ?

— Non ; et pourquoi cela ?

— Vous ignorez donc qu’il est enragé ?

— Enragé ! Vous plaisantez.

— Pas le moins du monde, continua le couvreur, et il peut vous arriver les plus grands malheurs si vous n’exécutez pas, de point en point, ce que je vais vous conseiller.

— Dites bien vite ! répondit la fermière effrayée.

— Eh bien, lorsque vous le verrez couper son fil avec les dents, assénez-lui aussitôt un vigoureux coup de manche à balai derrière la tête, ou sans cela il sautera sur vous pour vous mordre.

— Dieu du ciel ! serait-ce possible ?

— Vous voilà prévenue, ajouta le couvreur en grimpant sur son toit. Faites maintenant ce que vous voudrez.

Comme beaucoup de tailleurs, le petit boiteux coupa son fil avec les dents, et la fermière, encore sous l’impression des paroles du couvreur, sauta, comme une furie, sur son balai, et avant que le pauvre boiteux eût