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En passant près d’un village, il vit dans un courtil une vieille femme occupée à frotter des choux avec du saindoux.

— Que faites-vous donc ainsi, ma bonne femme ? lui demanda-t-il.

— Mais monsieur, je graisse mes choux. Hier soir en dînant notre homme me dit que les choux étaient maigres, et pour qu’il ne fasse pas le même reproche aujourd’hui, je les couvrons de graisse, comme vous voyez.

— Ma pauvre vieille, ce que vous faites là ou rien c’est la même chose. Mettez donc plutôt votre saindoux dans la marmite avec vos choux, et votre mari ne se plaindra plus.

— Vous avez p’t’être ben raison, tout de même, répondit la ménagère, qui se mit alors à réfléchir sur ce qu’elle devait faire.

Le meunier se dit en lui-même : « Le mari de cette femme n’est pas mieux partagé que moi ; sa moitié est aussi bête que la mienne. » Puis il continua sa route.

Un peu plus loin, il rencontra dans un chemin creux, au pied d’un arbre, une autre femme qui, avec un bâton, frappait un cochon de toutes ses forces.