Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la marâtre à souffrir. Chacun, ici bas, a sa part égale de joies et de peines. Tiens, voilà ton fuseau, et tout le fil que tu aurais pu filer dans ta journée. »

L’enfant rentra joyeuse, et sa belle-mère, en la voyant si gaie, en fut jalouse, et la punit sans raison.

Le lendemain, elle lui donna une tâche encore plus lourde que d’habitude.

La fillette retourna, près du puits, raconter ses peines à sa bienfaitrice.

La fée la consola. « Voici une baguette, en bois de chêne, lui dit-elle ; lorsque tu désireras quelque chose, il te suffira de frapper, trois fois, le derrière de ton grand mouton blanc, pour obtenir ce que tu voudras. De même que lorsque ta belle-mère te privera de nourriture, et te donnera une besogne excédant tes forces, tu n’auras qu’à dire :

« Paine et vine et viande
« Mes sept faix de buchettes serrés,
« Et mes sept fusiaux de fi filés. »[1].


  1. Pain et vin et viande
    Mes sept faix de bûchettes serrés,
    Et mes sept fuseaux de fil filés.