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Onenna l’entendit une fois, et ces paroles l’impressionnèrent vivement. Douée d’une intelligence peu commune, elle réfléchit longtemps à ce qu’avait dit l’ermite, et comprit, sans avoir recours à ses parents, qu’elle eût craint d’affliger, que son séjour sur cette terre serait de courte durée, et qu’il lui fallait l’employer dévotement pour pouvoir mériter le ciel. À partir de ce moment, elle ne songea plus qu’à prier Dieu et à accomplir toutes les bonnes œuvres que son cœur lui suggérait. Elle pensa qu’elle ne pourrait que très difficilement faire son salut dans le château de son père et résolut, malgré tout le chagrin qu’elle allait causer à sa famille, de s’éloigner de sa demeure royale pour aller vivre misérablement quelque part.

Un jour donc, sans prévenir personne de ses projets, elle partit à pied et s’aventura seule dans la campagne. Elle rencontra sur une lande une petite pâtoure, à laquelle elle proposa de troquer ses guenilles contre ses vêtements. La paysanne, qui comprit bien qu’elle allait faire un bon marché, s’empressa d’accepter. Onenna ainsi déguisée en men-