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& que faute de mieux, ou entraîné par les avances qu’elle est assez bête pour lui faire.

Eh bien, si tu m’en veux croire (reprit sa mere) tu iras demain conduire le troupeau, & tu feras connoissance avec le Berger. Pigriéche en mouroit d’envie ; mais les événemens passés lui donnoient de l’appréhension : Je suis si malheureuse (disoit-elle) que je crains qu’il ne m’arrive encore quelque catastrophe. Eh que peus-tu craindre (repliqua Richarde) quel danger y a-t-il à conduire des moutons ; il ne s’agit pas d’aller chez des Meuniers sorciers, ou chercher des Diables dans l’eau ; c’est un homme seul, qui ne sera pas assez brutal pour te battre, & s’il ne te reçoit pas comme il le devroit, tu en seras quitte pour le laisser là, & pour t’en revenir.

Allons (dit Pigriéche) encou-