Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pastres ou nos Esclaves osoient me manquer de respect sans craindre la bastonnade, je suis certaine qu’elle en seroit servie avant moi ; il faut avoüer que je suis bien malheureuse. A cette réfléxion ses larmes redoublerent ; & pour la consoler sa mere lui dit qu’il ne devoit pas lui paroître étrange si des gens aussi grossiers que leurs Pastres trouvoient Liron plus agréable qu’elle, parce que d’ordinaire chacun aime son semblable. Mais à l’égard du beau Berger (continua Richarde) il ne t’a vû qu’un moment, & peut-être que s’il te voyoit encore une fois, tu triompherois de cette petite laidron, car tu ès sûrement beaucoup plus jolie. Je le crois comme vous (dit Pigriéche en se radoucissant) & je suis persuadée que le Berger ne s’amuse à elle que par pur désœuvrement,