Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 5.djvu/132

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pateur ; ne devrois tu pas être content de m’ôter la vie, sans attenter à celle de ton Maître ; & se peut-il que sans frémir, tu oses encore vouloir immoler Lisimene ? N’est-ce pas assez que tu les ayes dépoüillés de ce qui leur appartenoit si légitimement, sans pousser ta rage jusqu’à faire périr un Roy généreux & une Princesse innocente ? Respecte du moins sa beauté & sa vertu. Souviens-toi que si elle est coupable, ce n’est que d’avoir fui d’une Cour que ses larmes & sa presence auroient sans doute soulevée contre toi. Mais, loin de songer à vanger son pere, & à se vanger elle-même, elle a cherché un azile dans les lieux les plus sauvages où sa main ne s’est armée que d’une houlette, tandis qu’elle abandonnoit le Sceptre de son Pere à ta criminelle ambition.