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que je l’ai souhaité ce moment doux & cette union charmante, qui peut seule faire mon bonheur, nuls obstacles ne le peuvent retarder. Mais (ajoûta-t-il, voyant que cette fausse Princesse étoit seule) où est donc votre auguste Pere, qui peut le retenir ailleurs dans un tems où sa présence nous est si nécessaire ? …Juste Ciel ! (s’écria-t-il) le Roy auroit-il changé de sentiment ?

Pigriéche n’osoit répondre, de peur que sa voix ne la trahît. Que signifie ce silence (continua-t-il avec beaucoup de vivacité) vous vous taisez, mon aimable Lisimene, & dans le moment où vous ne devriez pas craindre d’en trop dire ? Ah ! de grace parlez-moi, & m’apprenez ce qu’est devenu le Roy ; ne me laissez point dans le trouble où je suis. Helas pourquoi me priver du plaisir de