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n’y a pas loin, puisqu’il doit venir à la moitié du chemin : toi qui es sage, tu ne feras rien qui ne soit raisonnable.

Pigriéche n’avoit jamais vû de Gens de Cour, & le récit de Liron lui donnoit une envie extrême de voir un Seigneur si beau, si magnifique & si bien accompagné ; ce qui l’empêcha de rechigner à cette proposition, comme elle avoit coutume de faire à tout, elle se rendoit si peu de justice qu’elle se persuadoit que si elle n’avoit jamais eu d’Amants, ce n’étoit pas à son peu de beauté qu’elle devoit s’en prendre, mais à la solitude où sa Mere la retenoit, qui la forçant à vivre inconnuë, empêchoit le succès qu’elle pouvoit esperer de ses charmes, & ne cherchant que l’occasion de réparer le tems perdu, elle en accepta avec joye une qui lui paroissoit si favorable à établir les ap-