Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mine haute & majestueuse, que par les égards que l’on avoit pour lui.

Depuis trois ans que duroit l’éxil de Lisimene elle n’avoit vû que des miserables esclaves, plus accablés & plus abrutis par le travail que par leur condition. Ils ressembloient plus à des bêtes qu’à des hommes : ce qui fit qu’elle regarda ce Seigneur avec un plaisir qui lui rapella le tems heureux où tous ceux qui l’environnoient, égaloient ce jeune homme en magnificence, s’ils ne l’égaloient pas en bonne mine.

Elle sentit à cette vue suspendre pour quelque tems l’idée douloureuse de son état présent, & oubliant sa cruelle situation, elle s’imagina être encore à la Cour de Bon & Rebon ; mais cette agréable erreur ne dura gueres, & le sentiment de ses malheurs effectifs, reprit bien-tôt sa place.