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belle mere, qui ne cherche qu’un prétexte pour nous faire périr, mon pere & moi, attache sa vie & la mienne à l’execution de choses qui sont impossibles. Elle veut que je cueille des poires du grand arbre, quoiqu’elle n’ignore pas que personne n’en a cueilli jusqu’ici, & qu’elles sont si hautes qu’elles se brisent en tombant, de sorte que l’on n’en vit jamais d’entieres.

Elle lui recita tous les dangers & toutes les peines où l’avoit exposée l’inutile tentative qu’elle avoit faite pour obéir au cruel ordre de Pigriéche, & finit en la suppliant de protéger son pere, & de faire en sorte que ce fut elle seule qui restât exposée aux fureurs des deux Mégeres qui la tourmentoient.

La Nayade lui essuyant flateusement les yeux avec la main lui dit d’un air de bonté que ce qu’elle lui apprenoit paroissoit facheux :