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noüir, elle seroit morte sans secours, si les Nayades, qui s’étoient réjouies à ses dépens ne l’avoient secouruë.

Elle n’en vit rien, & ne s’apperçut qu’elle étoit échappée à un danger qu’elle avoit cru inévitable, que lorsqu’elle fût revenuë de son evanouissement, & qu’elle se trouvât sur une table la tête en bas. On l’avoit ainsi placée pour lui faire rendre le limon qui l’étouffoit.

Quand la connoissance lui fut revenue, elle fit des efforts pour vomir ce limon infect, qui furent encore un nouveau suplice pour elle, & qui lui fit maudire mille fois l’envie indiscrete qu’elle avoit euë de venir à la fontaine. D’ailleurs bien loin que dans son infortune, elle eut la foible consolation de se voir du moins dans un bel appartement & sur un bon lit, elle se trouva dans une vilaine grotte