Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins passionnée pour son argent, elle s’étoit flattée qu’elle pourrait la satisfaire sans qu’il lui en coûtât rien, & tout s’opposoit à de si douces espérances ; mais enfin la tendresse & l’intérêt agissant également, lui inspirerent un expédient qu’elle crut admirable pour les contenter toutes deux. Eh bien, ma chere Pigriéche, lui dit-elle, qui t’empêche d’en aller chercher autant, la Nayade n’a point donné la préférence sur toi. Elle n’a vu que Liron, & nous pouvons croire que la bonté qu’elle a pour elle, ne provient que du manque d’occasion de l’éxercer à l’égard de sujets qui en soient plus dignes. Quand elle te connoîtra, tu verras qu’elle ne pourra s’empêcher de t’aimer, & de te faire des présens, cent fois plus beaux & de meilleur goût que ceux qu’elle a fait à notre