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fontaine placée au milieu. Ses eaux vives & claires couloient dans un bassin de marbre blanc, & elles étoient excellentes. L’herbe plus belle & plus fraîche en cet endroit que par tout ailleurs, y étoit aussi infiniment meilleure ; de sorte que le troupeau de Liron en devenoit tous les jours plus fort & en meilleur état. Elle s’asseyoit quand il faisoit beau sur les marches de la fontaine, & là, elle chantoit en accompagnant sa voix de l’instrument qu’elle avoit apporté. Ce petit concert étoit si ravissant, qu’elle se charmoit elle-même, & qu’il avoit le pouvoir de suspendre ses tristes pensées.

Il sembloit que ses moutons fussent sensibles à la douceur de cette armonie, car aussi-tôt qu’ils l’entendoient, ils cessoient de manger pour se rassembler autour