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avoit osé prendre, était pour une de ses filles appelée la Belle. Ensuite, soit qu’il espérât de retarder sa perte, ou de toucher son ennemi de compassion, il lui fit le récit de ses malheurs, il lui raconta le sujet de son voiage, & n’oublia pas le petit présent qu’il s’étoit engagé à faire a la Belle, ajoutant que la chose à laquelle elle s’étoit restrainte pendant que les richesses d’un Roi n’auroient à peine que suffi pour remplir les désirs de ses autres filles, venoit à l’occasion qui s’en était présentée, de lui faire naître l’envie de la contenter ; qu’il avoit cru le pouvoir faire sans consequence, que d’ailleurs, il lui demandoit pardon de cette faute involontaire.

La Bête rêva un moment : reprenant ensuite la parole, d’un ton moins furieux elle lui tint ce langage : je veux bien te pardon-