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avoit avec sa famille éprouvé l’ingratitude, & sur l’amitié duquel elle étoit si bien persuadée, qu’il ne falloit pas compter dans l’adversité ?

Attentive à consoler son pere & ses freres par la douceur de son caractère, & l’enjouement de son esprit, que n’imaginoit-elle point pour les amuser agréablement ? Le Marchand n’avoit rien épargné pour son éducation, & celle de ses sœurs. Dans ces tems fâcheux elle en tira tout l’avantage qu’elle désiroit. Jouant très-bien de plusieurs instrumens, qu’elle accompagnoit de sa voix, c’étoit inviter ses sœurs à suivre son exemple, mais son enjouement & sa patience ne firent encore que les attrister.

Ces filles que de si grandes disgraces rendoient inconsolables, trouvoient dans la conduite de leur cadette une petitesse d’es-