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cervelle d’un homme qui meurt de sa mort naturelle, n’aurait pas un bon effet ? Notre médecin, reprit le vieux domestique, nous avertit qu’au besoin on pourrait absolument se servir de la cervelle d’un mort, pourvu qu’il n’y eût pas quarante-neuf jours qu’il fut expiré, parce que la cervelle n’étant pas encore desséchée, conserve sa vertu.

Hé ! s’écria la dame, il y a vingt jours que mon mari est mort ; il n’y a qu’à ouvrir son cercueil, et y prendre un remède si salutaire. J’y avais bien pensé, répliqua le valet ; je n’osais vous le proposer, et je craignais que cette seule pensée ne vous fit horreur. Bon, répondit-elle, Wang-sun n’est-il pas à présent mon mari : s’il fallait de mon sang pour le guérir, est-ce que j’y aurais regret ? Et j’hésiterais par respect pour un cadavre qui bientôt va tomber en poussière !