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grand mérite ? » Kiu-Iouen, en entendant ce discours, fut très-irrité contre Lou-Koung. « Si j’étais sa propre fille, pensait-elle, il n’en agirait pas ainsi ; c’est parce que je ne suis que sa fille adoptive, qu’il s’inquiète si peu de bonheur. » L’agitation de son esprit la rendit malade au bout de très-peu de jours. On dit avec vérité qu’il n’y a pas de douleur plus cuisante que celle qui se tait ; qu’il n’y a pas de chagrin aussi grand que celui qui ne cherche de soulagement. Elle ne voulait faire connaître ses peines à qui que ce fût, et les tenait renfermées dans son sein. Il en résulta qu’elle n’eut plus la force de les supporter, et que rien ne put porter remède à son mal.

Qu’un homme fuie une femme, et que cette femme tombe dans le désespoir, c’est une chose qui ne s’était jamais vue depuis le commencement du