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ra sans doute pu attendre et ne me voyant pas venir il s’en sera allé ; mais, en se retournant, elle vit à sa grande surprise que l’ombre était devenue un être réel qui tenait les bras étendus vers elle pour l’embrasser. Voici comment cela s’était passé : Tchin-Seng, qui avait déjà résolu de se trouver avec elle, avait profité de ce qu’elle n’était pas encore arrivée pour traverser l’eau et se cacher dans un enfoncement dont il pût sortir dès qu’il la verrait paraître. Iu-Kiovan était très craintive, et si auparavant elle avait eu peur que le moindre chuchottement ne les trahît, qu’on juge de la frayeur qu’elle dut éprouver maintenant qu’on ne la surprît en plein jour dans la compagnie d’un jeune homme ; elle s’enfuit dans la maison en faisant une exclamation, et fut plusieurs jours sans oser retourner au pavillon. Tchin-Seng, lui-même, n’avait pas été moins alarmé en la voyant se sauver