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du mandarin Leu-tchoung-ye dit à Fan-hi-tcheou : « Je sais qu’une femme vertueuse ne peut avoir deux maris ; depuis que nous sommes unis par les lois, j’ai toujours rempli envers vous les devoirs d’obéissance et d’affection conjugales. Votre ville, presque sans défense, ne saurait résister long-temps à un ennemi victorieux. Comme fils d’un chef distingué des révoltés, vous n’éviterez pas les coups de la fortune. Souffrez donc que ce poignard termine mon existence, je ne veux pas vivre pour être témoin de la mort de mon époux. »

Fan-hi-tcheou lui répondit : « Ce n’est pas par inclination que je sers dans le parti des rebelles, vous avez été injustement séparée de vos nobles parens, n’aggravez pas mon crime et mes infortunes en vous arrachant la vie. L’armée impériale qui marche contre nous vient du nord, les soldats sont vos compa-