Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome second.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capable d’une action si noire ? Quand je vous eus quitté, l’année dernière, j’allai droit à la barque pour passer la rivière. Le batelier, voyant la pièce de taffetas blanc que je tenais, demanda de qui je l’avais reçue. Moi, qui n’avais garde de pénétrer son mauvais dessein, je lui avouai ingénûment qu’ayant été frappé par votre mari, j’avais perdu pendant quelque temps la connaissance ; qu’en suite il m’avait régalé et m’avait fait présent de cette pièce de taffetas, Il me pria de la lui vendre ; ce que je fis. Il demanda pareillement mon panier de bambou, et je le lui abandonnai pour le paiement de mon passage sur sa barque. Aurait-on pu s’imaginer qu’il ne tirait tout cela de moi que pour tramer la plus horrible méchanceté ?

« Mon bon ami, reprit la dame Lieou, à l’heure que je vous parle, si vous n’étiez pas venu, je n’aurais pas pu m’as-