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lui exposa en détail tout ce qu’avait fait le batelier Tcheou-se. « Il a conduit, lui dit-elle, sur sa barque un corps mort jusqu’auprès de la porte de notre maison ; il a produit le panier et la pièce de taffetas que nous vous donnâmes, et que, disait-il, vous lui aviez laissés en mourant, pour servir de preuve que mon mari vous avait tué. À force d’argent nous gagnâmes ce batelier, afin qu’il cachât ce meurtre, et qu’il aidât à transporter le mort et à l’enterrer. Un an après, Hou est allé déférer son maître au tribunal. La question à laquelle on a appliqué mon mari l’a contraint de tout avouer ; en conséquence on l’a jeté dans une prison, où il languit depuis six mois. »

À ce récit, Liu se frappant rudement la poitrine : « Ah ! madame, s’écria-t-il, j’ai le cœur saisi de la plus vive douleur ! Se peut-il trouver sous le ciel un homme