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tage, va prendre un livre à son bureau, et se met à le parcourir en lui tenant compagnie.

Souï-houng voyant que Tchou-youan dont elle avait tant de fois repoussé les consolations, ne conservait sur son visage aucune trace de colère et de mécontentement, se dit en elle-même : « Ce lettré est vraiment un sage d’une vertu accomplie. Si, dans l’origine, j’avais rencontré un homme de ce mérite, la mort de ma famille serait déjà vengée et mon déshonneur effacé. Quant à Hou-youe, ses discours ne sont que ruse et mensonge : si je me repose sur lui, comment obtiendrais-je la vengeance que j’attends ? Aujourd’hui il a reçu les présens de ce lettré, et m’a remise entre ses mains ; je suis maintenant à lui ; pour quoi ne le suivrais-je pas ; peut-être, avec lui, rencontrerai-je l’occasion si désirée de venger ma famille et de laver ma honte ! »