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trop corpulent : « Le tonneau ! » disait-elle ; l’autre trop grand : « Grand et mince marche mal ; » le troisième, trop petit : « Petit et gros n’a pas de grâce. » Le quatrième était trop pâle : « La mort en personne ! » Le cinquième trop rouge : « Le dindon ! » Le sixième n’était pas assez droit : « Du bois vert séché au poële ! » Elle eut ainsi quelque chose à dire de chacun, ; mais elle se moqua surtout d’un bon roi placé au rang le plus élevé, et dont le menton était un peu de travers. « Oh ! s’écria-t-elle en riant, il a un menton comme le bec d’une grive. » Et depuis ce temps, elle lui donna le nom de Bec de Grive ou simplement de roi Grive. Le vieux roi, voyant que sa fille ne faisait que se moquer des gens et congédiait tous les prétendants rassemblés, se fâcha sérieusement et jura qu’elle épouserait le premier mendiant qui viendrait à sa porte.

Peu de jours après, un musicien ambulant chantait sous ses fenêtres pour gagner quelques sous. Le roi, l’ayant entendu, dit : « Faites-le venir. »

Le musicien sordide entra, chanta devant le roi et sa fille et demanda une aumône. Le roi lui dit : « Ton chant m’a plu si fort que je veux te donner ma fille en mariage. » La princesse fut consternée ; mais le roi poursuivit : « J’ai fait le serment de te marier au premier mendiant venu et je le tiendrai. » Il ne permit aucune réplique ; on alla chercher le pasteur et la jeune fille fut forcée d’épouser le musicien sur-le-champ. La cérémonie faite : « Il ne me convient pas, dit le roi, que tu restes au château ; accompagne ton mari. »

Le mendiant la prit avec lui et ils traversèrent une grande forêt. Là, elle demanda :

« Oh ! à qui appartient cette belle forêt ?

— Elle appartient au roi Grive. Tu l’aurais, si tu l’avais accepté.