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qu’il l’avait délivrée, qu’il aurait l’entière possession de son royaume, et qu’il devait revenir dans un an pour célébrer leur mariage. Elle lui indiqua aussi où était le puits, en lui recommandant de se hâter, pour prendre l’eau avant midi. Il allait toujours, et arriva enfin dans une chambre où il y avait un beau lit fraîchement arrangé ; et, comme il était fatigué, il voulut s’y reposer un peu. Il s’étendit et s’endormit ; lorsqu’il se réveilla, il entendit sonner onze heures trois quarts. Saisi d’angoisse, il sauta à bas du lit, courut au puits, y puisa de l’eau avec le gobelet qui se trouvait à côté, et s’éloigna à toutes jambes. Comme il sortait par la porte d’airain, midi sonna, et la porte se referma avec une telle violence qu’elle lui enleva un morceau du talon.

Il se réjouissait d’avoir en sa possession l'Eau de la vie ; il s’en retourna donc chez lui, et, en route, il rencontra de nouveau le nain. Dès que celui-ci vit l’épée et le pain, il dit :

« Tu as gagné là un grand trésor : avec cette épée, tu peux combattre toute une armée ; quant à ce pain, il ne finit jamais. »

Le prince se dit :

« Je ne veux pas retourner au logis sans mes frères. »

Et il dit au nain :

« Cher petit ami, ne pourriez-vous pas m’apprendre où sont mes deux frères ? Ils sont partis avant moi pour chercher l'Eau de la vie, et ils ne sont pas revenus.

— Ils sont emprisonnés entre deux montagnes, répondit le nain, et je les ai retenus là pour leur arrogance. »

Mais le prince le supplia si longtemps, que le nain lui accorda leur liberté ; toutefois il le prévint et dit :

« Prends garde à tes frères ! ils ont un méchant cœur. »

Lorsqu’ils arrivèrent, ils étaient ravis de se voir libres ; et