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le roi de lui permettre de partir à la recherche de l'Eau de la vie, qui seule pouvait le sauver.

— Non ! dit le roi, le danger est trop grand, je préfère mourir. »

Mais le prince le pria si longtemps que le roi consentit au voyage. Et le prince se disait en lui-même : « Si je vais chercher l'Eau de la vie, c’est moi qui serai le plus cher à mon père, et qui deviendrai l’unique héritier du trône. »

Il se mit donc en route, et lorsque son cheval eut marché quelque temps, il vit un nain au bord du chemin, qui lui cria :

« Où allez-vous si vite ?

— Petit nabot ! repartit fièrement le prince, tu n’as pas besoin de le savoir ? » Et il continua sa route.

Mais le petit homme s’était fâché et avait prononcé un vœu malveillant. Le prince arriva dans un ravin ; et, plus il allait, plus les montagnes se resserraient. Enfin, la route devint tellement étroite qu’il ne put avancer davantage avec son cheval, et qu’il ne put en descendre non plus ; si bien qu’il demeura ainsi emprisonné. Le roi malade l’attendait toujours, mais il ne reparaissait pas.

Alors le second fils dit :

« Je m’en vais aller à la recherche de cette eau. »

Et il pensait : « Cela m’irait fort que mon frère fût mort, car j’hériterais du royaume. »

D’abord le roi ne voulut point le laisser partir ; puis il céda de nouveau.

Le prince prit le même chemin que son frère et rencontra aussi le nain, qui l’arrêta, en lui disant :

« Où allez-vous si vite ?

— Petit bonhomme, répondit le prince, tu n’as nul besoin de le savoir. »

Mais le nain lui jeta un charme ; et, lui aussi, il entra dans