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la première partie parut en 1812, pour amplement s’accroître par la suite. Les frères Grimm ont fait en Allemagne pour les contes ce qu’a fait en Bretagne, pour les chansons populaires, M. de la Vitiemarqué.

Mais l’étonnement se changea bien vite en sympathie pour ces nouvelles recherches et en curiosité ardente à l’égard de ces trésors d’imagination naïve, dont le public n’avait pas semblé d’abord comprendre la valeur, reprochant en quelque sorte aux deux frères d’avoir compromis leur caractère de savants haut placés dans l’estime de tous, par cette publication enfantine.

Ils avaient réellement ouvert une voie peu explorée jusqu’alors, où les Simrock et les Bechstein devaient s’engager ensuite avec succès.

On peut dire qu’ils ont reçu de la bouche du peuple la tradition même, sans l’arranger comme Musæus, au gré d’une fantaisie plus ou moins heureuse, mais toujours personnelle, et loin d’offrir, par conséquent, t’intérêt qui s’attache aux productions spontanées de l’imagination populaire.

Ainsi Musæus, dans un des ses contes, Richilde, s’est emparé du sujet de Blanche-Neige pour le développer, le modifier et, l’enjoliver de mille traits qui ne valent pas la simplicité du récit primitif. On remarquera que les contes du peuple ont, en général, le double mérite de la brièveté et du naturel, avec un ton de conviction naïve auquel l’esprit se laisse prendre volontiers un instant.

Musæus raffine sur les descriptions, moralise et persifle tour à tour, comme un homme qui se moque de son sujet ou qui en use au profit de ses idées. Aussi, dans ce choix de contes allemands du temps jadis, ne sera-t-on pas étonné de voir les récits franchement populaires défrayer presque tout le volume, et Musæus n’occuper avec Tieck lui-même, qu’une place très-petite ici, plutôt pour fournir des sujets de comparaison que pour représenter le vrai type des traditions familières de la vieille Allemagne.