Page:Contes allemands du temps passé (1869).djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée

les travaux d’érudition auxquels, dans sa carrière publique, il consacrait toutes ses heures de loisir, ayant dès le début entrepris une étude approfondie de la littérature du moyen âge. Il résolut donc de quitter la politique et la diplomatie pour se donner tout entier aux lettres, fut nommé bibliothécaire en second à Cassel, en 1816, et se plongea dans ces recherches incessantes qui auraient pu avoir pour d’autres les résultats solides poursuivis par lui, mais d’où ils ne seraient pas sortis, certainement, avec cette verdeur d’esprit tant admirée par Henri Heine « Jacques Grimm, dit-il, est sans égal dans son genre. Son érudition est colossale comme une montagne, et son esprit est frais comme la source qui en jaillit. »

En 1829, le premier bibliothécaire, étant mort, fut remplacé par l’historiographe Rommel, au mépris des droits de Jacques Grimm. Blessé par ce manque d’égards, ce dernier donna sa démission et accepta les fonctions de professeur et de bibliothécaire à Gœttingue. Là, il fit pendant sept ans des cours de langue allemande, d’histoire de la littérature et de droit.

En i837, il se trouva parmi les sept professeurs qui parièrent contre la révocation de la loi fondamentale de l’État, fut destitué et exilé avec Dalilmaun et Gervinus. Pendant les années suivantes, il vécut retiré à Cassel, puis fut rappelé, en i84i, à Berlin, où il avait le droit de faire des cours, comme membre de l’Académie.

Par sa Grammaire allemande, il n’a pas seulement fondé la grammaire historique de la langue allemande, mais il institué les principes mêmes des recherches de l’histoire de la langue.

Par son Histoire de la langue allemande, une des œuvres les plus remarquables qui aient jamais paru dans cette branche de littérature, il découvre des vues qui auront exercé une influence puissante sur le renouvellement des études historiques en Allemagne.

Tous ses ouvrages dénotent une ardeur infatigable et une aptitude singulière à vaincre tous les obstacles, un immense savoir, un grand esprit d’ordre et de persévérance. Une sûreté de tact parfaite dans l’interprétation des phénomènes de l’histoire, et en outre, ce qui ne se rencontre guère chez le même homme, le sentiment délicat et tendre de la poésie.