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femme, qui en oublia le boire et le manger, ne songeant plus qu’au moyen d’être aussi rajeunie. Comme on venait de manger la soupe, un autre cavalier arriva pour faire ferrer son cheval.

« Ce sera bientôt fait, dit le forgeron ; j’ai appris une nouvelle manière de forger, expéditive et profitable quand les jours sont courts. »

Alors il cassa les quatre pieds du cheval à la fois ; car, disait-il, je ne vois pas pourquoi il faudrait les casser l’un après l’autre. Et il dit au cavalier, qui avait peur pour son cheval.

« Ne craignez rien, messire ; s’il arrive malheur à votre bête, je vous la payerai. »

Puis il jeta les quatre pieds du cheval dans la cheminée, entassa charbon sur charbon, fit souffler le feu à tour de bras par ses apprentis : après quoi, il voulut faire comme il avait vu faire par Jésus, mais il ne put y arriver ; les pieds du cheval furent calcinés, et le cavalier exigea le prix de sa monture. Cela ne plut guère au maître forgeron, mais il se garda bien de montrer son mécontentement et dit :

« Si j’ai manqué une chose, je ne manquerai pas l’autre. »

Il alla chercher sa belle-mère et lui demanda si elle voulait être rajeunie, afin de pouvoir sauter comme une fillette de dix-huit ans.

« Bien volontiers, répliqua la vieille, qui se souvenait des confidences du jeune homme.»

Le maître forgeron la mit alors dans la cheminée, fit manœuvrer les soufflets par son garçon et frappa la vieille avec son marteau, de sorte qu’elle commença à se tordre en poussant des cris épouvantables.

« Reste donc tranquille, s’écria le forgeron. Pourquoi hurles-tu et sautes-tu ainsi ? Je vais souffler comme il faut. »