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le forgeron, qui se tenait sur le pas de sa porte, lui demanda :

« Pourquoi riez-vous ?

— Nous rions de ton enseigne, dit l’apôtre, et de la prétention que tu as d’être le maître des maîtres.

— Et je le suis ! » repartit le forgeron.

Alors Jésus lui demanda :

« Combien de temps te faut-il pour fabriquer un fer de cheval ?

— Oh ! dit le forgeron, je le mets trois fois au feu, et il est prêt.

— C’est trop, dit Jésus, une fois suffit. »

Mais le forgeron n’en voulut rien croire.

Au même instant, survint un cavalier dont le cheval avait perdu ses fers, et il pria le forgeron de le ferrer.

« Bon ! dit le forgeron, voici une occasion de montrer votre grand art. Ferrez ce cheval à votre façon.

— Ainsi ferai-je, » répliqua Jésus.

Il s’approcha du cheval, lui rompit une des jambes de devant et la mit dans la cheminée de la forge, pendant que saint Pierre soufflait ; puis il plongea un fer dans le feu, le retira tout rouge et le cloua tranquillement sous le sabot du cheval. Ensuite, il lui remit sa jambe, en fit autant de la seconde jambe de devant et des deux jambes de derrière, les rompant l’une après l’autre, les ferrant et les remettant ensuite à leur place. Et quand le cheval eut de nouveau ses quatre fers, il allait une fois encore plus vite qu’auparavant, et le cavalier paya généreusement le forgeron.

« Vous n’êtes pas, après tout, un si mauvais ouvrier ! dit celui-ci à Jésus.

— Crois-tu ? lui répondit le Seigneur.

— Mais il me faut des preuves plus éclatantes de votre